dimanche 27 mai 2012


Petites techniques de survie mentale en temps de crise

Joan Hamel
Prossat

Comment avancer et garder le moral au travail malgré l'ambiance morose?


Scènes en arrivant au bureau ce matin: «T'as écouté les nouvelles ce matin? Ça va mal, et ils ne prévoient aucune amélioration» - «Oui, dans ma boîte, on parle de restructuration, ça ne sent pas bon...» - «Restructuration, dégraissage? Je vais te dire: autant parler de méga-licenciements!»
Et c'est ainsi que, insidieux, tel une tache d'huile prête à nous faire déraper sur la route, le négativisme se répand. Habitués que nous sommes à ce ronron résigné, nous ne nous en rendons même plus compte. Il peut donc librement imprégner nos esprits. Pourtant il suffit parfois d'un petit changement de vocabulaire pour réinsuffler force et optimisme dans ses journées. 

Retrouver sa créativité dans les mots

Sachez que la parole crée la relation. Les mots que nous choisissons reflètent notre état d'esprit et vice-versa. Notre créativité dans le choix fait son oeuvre pour éviter le négativisme, le blâme ou l'arrogance. (le langage non verbal n'est pas à sous-estimer non plus). Par exemple au lieu de dire que nous avons un "statut précaire", pourquoi ne pas dire que nous sommes "travailleur autonome". C'est une dénomination qui contient des notions de liberté, d'aventure et d'adaptabilité. Toutes les qualités que nous recherchons aujourd'hui dans nos organisations pour une bonne santé mentale: Autonomie, latitude décisionnelle, liberté d'expression. Nous avons la chance comme travailleur autonome d'entrer dans une nouvelle ère où la carrière linéaire et attachée à une seule entreprise est désormais terminée». À l'individu de s'adapter donc, même s'il y a encore à regretter que les entreprises, de leur côté, ne travaillent pas à donner un cadre à cette nouvelle flexibilité!
Aussi, un simple changement d'étiquette comme par exemple au lieu d'utiliser le recrutement des "seniors" pourquoi pas dire tout simplement le recrutement de «la meilleure personne pour ce poste». Il faut retrouver sa créativité en choisissant le bon vocabulaire et les bons mots. Un simple changement de mot modifie le regard des candidats sur leur situation. 

Passer à l'action

Autre antidote original, qui permet à chacun de garder un sentiment de puissance sur sa vie: passer à l'action. "Si nous ne pouvons maîtriser une situation, nous pouvons par contre choisir certaines de nos réactions face à celle-ci", explique la psychanalyste Lyndi Van der Hout. "Faire ce qu'on a à faire du mieux qu'on peut, avancer les premiers pas d'un projet, ou envoyer des CV ( même si on est encore en poste) donnent la sensation de reprendre les manettes sur des petites choses à notre portée. L'action est ainsi toujours désangoissante.
Oser rencontrer des personnes qui ne sont pas de notre cercle, prendre des risques, tous ces nouveaux comportements vont creuser de nouveaux chemins dans notre cerveau. Sortir de notre zone de confort et on se met en marche avec élan et enthousiasme!
C'est un appel à penser différemment. Comme la rationalité et l'esprit logique ne semblent guère efficaces pour venir à bout de la crise actuelle ou pour calmer l'angoisse qu'elle suscite, de nombreux professionnels de la psyché nous invitent à solliciter davantage notre cerveau droit, siège de l'intuition, de l'empathie, de «l'intelligence émotionnelle».

La résilience

La résilience a été constatée à tous les âges. Deux recherches récentes, menées en Suède et en Belgique, mettent en évidence que le niveau de la résilience augmente avec l'âge. Ces résultats tendent à appuyer l'hypothèse que le processus de résilience peut s'enclencher plus facilement au fur et à mesure que les personnes vivent différentes situations problématiques et viennent à bout des adversités rencontrées. C'est comme si l'individu s'habituait à se relever des crises et plus on en vit mieux plus on s'adapte à réagir positivement devant les épreuves. Serban Ionescu, psychiatre et psychologue, professeur émérite à l'Université Paris-Vlll, a traité d'un ouvrage collectif Traité de résilience assistée et nous indique que la résilience peut se comparer à la vaccination. Une dose de vaccin comprenant une bactérie ou un virus atténué, suivie de rappels de ce vaccin, permet à l'organisme humain de fabriquer des anticorps le protégeant lors de la rencontre avec la bactérie ou le virus non atténué. De la même manière, on pourrait dire que la rencontre au cours de la vie avec des épisodes d'adversité permet de disposer de stratégies facilitant le passage à travers de tels épisodes s'ils surviennent ultérieurement.

Une ressource fondamentale: l'entraide

Les experts das le domaine mentionnent qu'il n'est pas possible de résoudre un problème là où on est. Nous avons le nez collé sur l'arbre. Nous devons donc regarder notre vie de haut, comme d'un hélicoptère, et en trouvant d'autres façons personnelles de se ressourcer, uniques à soi. C'est ainsi que nous pourrons se sortir de notre sentiment d'impuissance.
Un retour à l'authenticité et à ses propres valeurs pour se renforcer? Certes, et chacun doit savoir si ce sont des heures d'un sport d'endurance ou la pratique d'un instrument de musique ou la méditation qui l'aideront particulièrement en ces temps difficiles.
Mais cela ne doit pas faire oublier la ressource fondamentale: l'entraide . «C'est notre vraie force vitale, affirme Lyndi Van der Hout. Si on n'a pas le soutien des autres, actuellement, on se perd très vite.» Interactions d'un travail en équipe, bilan de compétences avec d'autres personnes en transition ou même investissement de son temps pour participer à une chorale, tout sera bon pour échapper au vrai mal qui menace à notre époque: l'isolement.

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